ROBERTO FERRI - Testi
ferri canta de andré
gueule de rose
on l’appelait gueule de rose elle mettait l’amour elle mettait
l’amour
on l’appelait gueule de rose elle mettait l’amour sur toute
chose
elle venait d’arriver à la gare du petit village de saint
hilaire
tout le monde s’aperçut d’un seul regard qu’elle
n’était pas sœur missionnaire
‘y a ceux qui font l’amour par ennui et ceux qui en font leur
profession
gueule de rose ni l’un et ni l’autre elle n’le faisait
que par passion
mais la passion souvent conduit à satisfaire ses propres envies
sans enquêter si l’convoité a le coeur libre ou marié
ce fut ainsi que d’un jour à l’autre gueule de rose
s’attira sur le dos
la rage funeste des cagnettes auxquelles elle avait chipé les os
mais les commères d’un petit village ne brillent pas d’initiative
les contre-mesures jusqu’à ce point se limitaient à
l’invective
on sait qu’le monde donne des conseils se sent comme jésus-christ
dans le temple
on sait qu’le monde donne des conseils s’il n’peut plus
donner d’mauvais exemples
voilà qu’une vieille jamais de maris jamais d’enfants
et plus d’envies
se donna la peine se donna le goût de donner des conseils partout
et s’adressant aux femmes cocues les sermonnait de mots aigus
« le vol d’amour sera frappé » dit-elle «
par l’ordre constitué »
celles-ci allèrent chez l’commissaire sans ménager
leurs mots disant
« cette salope a beaucoup plus d’clients qu’une société
alimentaire »
arrivèrent quatre gendarmes avec leurs panaches avec leurs panaches
arrivèrent quatre gendarmes avec leurs panaches avec leurs armes
on sait qu’les sbires et les carabiniers ne se soustraient pas à
leur devoir
mais cette fois il regrettaient de l’emmener de suite à la
gare
à la gare ‘y avait tout le monde du commissaire au sacristain
à la gare ‘y avait tout le monde les yeux rouges chapeau
à la main
pour saluer qui pour peu d’ temps sans prétentions sans prétentions
pour saluer qui pour peu d’temps porta l’amour aux paysans
il y avait un panneau morose avec une inscription noire
qui disait « adieu gueule de rose avec toi s’en va tout espoir
»
mais une nouvelle originale n’a point besoin d’aucun journal
comme une flèche de l’arc décoche elle vole vite vite
de bouche en bouche
et à la gare qui après venait beaucoup plus d’gens
que quand elle partait
qui envoie un baiser qui jette une fleur et qui la réserve pour
deux heures
même le curé qui n’méprise pas entre un miséréré
et une extrême-onction
le bien éphémère de la beauté la veut tout
près en procession
et avec la vierge au premier rang et gueule de rose qui n’est pas
loin
par le pays on promène l’amour sacré et l’amour
profane
traduzione di roberto ferri
supervisione rose-marie lagana
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